Revolution Girl Style Now!
Welcome! Ceci est un blog consacré à la culture rock au féminin. Je vous propose, chaque semaine, de partir à la découverte de nouveaux groupes, à travers des chroniques de disques et des live reports. Féministe et rock'n'roll, ce blog parle à coeur ouvert de filles qui font du rock, et qui le font bien. Et comme ce n'est pas tous les jours facile d'être une "rebel girl", je vous raconterais aussi un peu ma vie au sein de mon groupe Candy Flesh. Soyez au rendez vous!
N'hésitez pas à m'écrire, pour toutes suggestions ou commentaires.
Et les filles, envoyez moi vos disques! rebelgirldiary@gmail.com

mardi 29 juin 2010

Chronique: Karen Elson "The Ghost Who Walks", country folk hantée.



Alors, oui, bien sûr, Karen Elson est un ex top model anglais de l'ère Kate Moss, égérie de Karl Lagerfeld, Jean Paul Gaultier, ou Marc Jacobs, dont la jolie frimousse rousse est apparue sur plus d'une couverture de magazine. Oui, bien sûr, c'est l'épouse de Jack White, hyper actif singer songwriter (White Stripes), guitariste, batteur (Dead Weather), producteur et patron de label (Third Man Records), peut être le seul homme (avec Josh Homme) encore capable de sauver le rock'n roll des années 2000, (pas une mince affaire).

Bref, tout cela doit-il nous empêcher de pouvoir apprécier le premier album de Karen Elson, "The Ghost Who Walks", sereinement? La réponse est bien évidement négative, et dès le premier morceau, "The Ghost Who Walk", justement, Miss Karen nous cloue le bec de manière plutôt élégante en nous chantant une ballade folk rock très Nick Cavienne, à la fois sombre et planante, hantée par les spectres de Pj Harvey et Hope Sandoval. Dès la première minute, on est scié par le son de cet album très "vintage", à la fois désuet et moderne, d'où jaillissent les plus jolis fantômes de la country qu'on aime, quand celle ci est tachée de larmes et de sang, douce et amer à la fois. On pense bien sûr à Gillian Welch, au meilleur de Dolly Parton ou à la belle Alison Krauss. C'est donc dans cet esprit sudiste, qui sent bon la vieille dentelle et les rocking chair qui craquent, que se déroule, comme dans un film de Wim Wenders ("Paris, Texas"), l'album de Karen Elson, dans ce sud imaginaire, peuplé d'ombres impétueuses.

"The Truth is In The Dirt on the Ground", gronde Karen, avec une sincérité désarmante. Et on la croit. La belle vient réveiller les fantômes de Nashville, c'est plein de guitares slides, de vieux orgues, le break bluesy sonne un peu comme du White Stripes (c'est Jack qui produit, on ne peut pas lui en vouloir…). Mais les morceaux sont bien là. Sincères, généreux, prenants. "Pretty Babies" aurait pu figurer dans le premier Shivaree, quand Ambrosia Parsley venait souhaiter bonne nuit à la lune, de sa douce voix de Betty Boop country. S'en suit " Lunasa",une belle ballade dans la grande tradition Dolly Parton, puis sur "100 years From Now", Karen et White invoquent les fantômes du cabaret à la Kurt Weill, mais version saloon. Puis Karen Elson devient vraiment étonnante sur le merveilleusement désuet "Stolen Roses", ballade moyenâgeuse d'amoureuse en pleurs, dans le genre, on avait pas entendu un truc aussi triste et charmant depuis le fameux "Where the Wild Roses Grow", de Nick Cave, dont ce morceau s'inspire ouvertement.

Difficile d'enchainer après cela, et "Cruel Summer" parait du coup, un peu fade malgré des arrangements sortis tout droit du saloon d'un film de John Ford. "Garden" s'avère un peu plus rock, Karen pleure presque comme Alela Diane, dans ses aigus. C'est assez beau et tendre. Miss Elson remet ici, tout le monde à sa place, et prouve qu'elle est une vraie chanteuse mélancolique dans la lignée de Mariee Sioux, Nina Nastasia et consoeurs, et non pas une énième poupée de cire, poupée de son. En témoignent les ballades finales aux arrangements précieux et délicats "The Birds They Circle" et "A Thief At My Door". Et c'est peut être là, tout le génie du producteur /mari: pour ne pas sonner comme 90% des productions folk actuelles (guitare- voix, dépouillé, quasi Lo-Fi, cf le premier Alela Diane), White et Elson choisissent des arrangements chaleureux et chatoyants, plein de violons grinçant, vieux d'âge mais terriblement touchant, de guitares jouées au Bottle Neck, de piano de saloon abandonné et de larmes Dolly Partonienne. Le son, la voix et les morceaux de "The Ghost Who Walks" nous transportent donc dans un autre temps, imaginaire, fantasque, rêvé, plein de jeunes filles en pleurs et de femmes abandonnées...Un très bel album de genre, sincère et touchant, qui révèle une vraie voix atypique, élégante, sorte de June Carter des temps modernes...

Karen Elson , "The Ghost Who Walks", Third Man Records, 2010.


jeudi 24 juin 2010

Petit agenda des concerts en juillet

Enfin l'été! Il était temps, vous allez me dire… Bon nombre d'entre vous se préparent sans doute déjà pour la plage et la bronzette (petits veinards). Mais pour ceux qui restent à Paris (comme moi), je vous propose de vous consoler un peu, en vous présentant un petit programme des bons concerts à venir sur la scène parisienne. Vous verrez, ces filles là vous donneront plein de bonnes raisons de rester sur Paris cet été. ça promet d'être chaud! (et rock'n'roll)…
N'hésitez pas à m'écrire si vous avez des suggestions…
rebelgirldiary@gmail.com

ça commence fort, dès la semaine prochaine, avec le live des excellents Bloodthirsty Hippies qui promet d'être sexy et savoureux…J'espère qu'ils vont bien secouer le vieux Gambetta avec leur post punk psychédélique et barré(avec aussi Long John Silver et So Was The Sun)



Deux jours plus tard, vous aurez l'occasion d'en prendre plein la figure au Rigoletto (avec votre bloggeuse préférée): Candy Flesh + Ssedd+ AstroMullet (L Dopa side projet)



Mardi 6, le Gibus accueillera les 3 jolies Audrey de Sheeduz , qui tenteront d'amadouer les lycéens en furie (soirée Nuit du Bac) avec leur rock féminin gracieux et élégant.



Samedi 10, c'est à l'International que ça se passera avec le live de Jina , un bon groupe lyonnais qui fait beaucoup parler de lui ces derniers temps avec la sortie de leur premier Ep "Deal Me". Du post punk rageur et viscéral, bien abrupte et tranchant, emmené par une voix très inspirée par Brody Dalle…



Mardi 13 juillet, le feu d'artifice n'aura qu'à bien se tenir, ce sera au tour des Twin Arrows de venir éclater nos tympans avec leur bon vieux rock'n'roll au son très 70's, comme on l'aime, sexy, suave et méchant, façon Led Zep, Doors, Sabbath… (avec une jolie brailleuse au chant!)



Le 20 juillet, rendez vous avec, ni plus ni moins, la queen des riot grrls, j'ai nommé, bien sûr, Mlle Katie Jane Garside (Queen Adreena), qui passera au Batofar présenter son projet "folk" , Ruby Throat. (avec en plus John Parish…belle soirée en perspective)



Pour finir le mois de juillet en beauté, le jeudi 22, une soirée 100% rock'n roll girls avec Candy Flesh + Twin Arrows à l'Espace B! (fly à venir)
Soyez là!

jeudi 17 juin 2010

Les filles, la basse et le rock'n roll...Des Talking Heads à Band Of Skulls, une grande histoire d'amour...



ll faut bien reconnaître un fait un important, lorsque l'on s'attaque au sujet des filles dans le rock: les "rebel girls" ne sont pas toujours là où on les attend. Elles ne tiennent pas toujours la place du leader, derrière un micro, à beugler plus fort que les mecs, avec ou sans guitare. Même si le rôle de la chanteuse, front woman, est le plus souvent choisi par les filles qui font du rock, certaines, plus malignes, privilégient une place, certes plus discrète, mais non moins importante: la basse. Un rôle atypique pour une femme, qui va donc très vite se démocratiser dans le petit monde du rock avec plus ou moins de talent. Car même si les vraies bonnes bassistes se comptent sur les doigts d'une main, cet instrument a surtout permis à des personnalités influentes, comme Kim Gordon, de se démarquer, en sortant d'un certain type de cliché.


Tout commence peut être à l'arrivée sur terre des new yorkais de Talking Heads, qui révolutionne littéralement le punk dès 77, en publiant l'album du même nom. Précurseurs du post punk et de la new wave, ils combinent, avec brio, la folie explosive du punk et l'énergie naïve de la pop mélodique la plus élégante, parsemant le tout de touches funk, world et électro. Les Talking Heads avaient donc à leur bord la jolie Tina Weymouth, excellente bassiste au groove funky incroyable et à la bouille irrésistible.




Un peu plus tard, la scène alternative US des années 90 laissent s'exprimer deux vraies riot grrls de la basse, à la fois intègres et influentes, deux Kim impériales qui ont chacune à leur manière, contribué à changer la vision que l'on avait jusqu'alors des femmes bassistes. Tout d'abord Kim Gordon, qui a emmené Sonic Youth et leur noise déglinguée tantôt pop, tantôt expérimentale, au sommet de l'art rock. Groupe culte, hautement influent, à la discographie riche et complexe, Sonic Youth n'a jamais cessé d'encourager, parrainer, voir produire, un nombre important de groupes de la scène indépendante. C'est en effet un peu grâce à Kim Gordon et Sonic Youth que l'on a eu Nirvana, Hole, Breeders, Blonde Redhead, Pavement, Tortoise… (j'en passe et des meilleurs…)



L'autre Kim, c'est bien sûr la géniale Kim Deal qui a réussi l'exploit de faire partie de deux groupes majeurs de la scène rock des années 90. D'abord bassiste des énormes Pixies, puis leader féministe des Breeders, Kim, avec son aura cool, sa voix fragile, touchante, et son jeu de basse punk à souhait, a toujours été un personnage atypique, au charisme chaleureux. Un vrai modèle d'intégrité, la bonne copine idéale, qui n'a pas laissé ses idéaux punk au vestiaire, elle n'a presque jamais cessé de produire des albums impeccables et importants.




Impossible de parler des bassistes sans évoquer la belle D'Arcy qui officia, bien sûr, au sein des Smashing Pumpkins de Billy Corgan. Alors, évidement, son jeu de basse ne restera pas forcément dans les annales, mais il faut bien avouer que Miss D'Arcy avait, sur scène, une classe folle…




Elle fut ensuite remplacée par la sublime Melissa Auf Der Maur, qui prêta aussi sa plastique, et son bon jeu basse, à Hole, pour l'album et la tournée "Celebrity Skin". La belle canadienne enregistra, par la suite, deux albums solo pas vraiment exceptionnels, mais qui méritent tout de même que l'on y prête une oreille (quelques bons morceaux, co-écrits avec Josh Homme, sur le premier)




En France aussi, on a eu notre bassiste rock, à la fois charmante et rigolote, en la personne de Corinne Marienneau. Téléphone, avant de sombrer dans le rock variétoche pour radio Fm, a tout de même réussi l'exploit de nous pondre, en bons fans des Stones, des méga tubes de rock français, légers, teigneux et bluesy, en témoigne leur excellent premier album sorti en 77.



Je ne vous cite ici que les personnages qui me semblent les plus marquants… Libre à vous d'en rajouter une couche dans les commentaires...

Bref, tout ça pour en arriver à Miss Bassiste Rock 2010, qui n'est autre que la belle Emma Richardson, des excellents Band Of Skulls. (thanks to Yann!) Vous avez sans doute déjà entendu parler de ce trio british, leur côte "hype" ne cessant d'augmenter depuis plus d'un an, difficile de passer à côté…Ils ont sorti un très bon album en 2009, intitulé "Baby Darling Doll Face Honey", qui mélange efficacement le rock sauvage, gras et chevelu de Led Zeppelin, Black Sabbath ou des Stones, et la pop ambiante tendance new wave, façon Brian Eno. Certains morceaux évoquent donc le meilleur des White Stripes, et quand Emma se met à pousser la chansonnette, on pense même au blues noisy des Dead Weather (en moins bordélique). Russel Mardsen, le chanteur/guitariste, couine comme Jack White, et Miss Emma, distante et sexy, évoque souvent la classe idéale de Chrissie Hynde. Le batteur voudrait bien être John Bonham, mais, faute de mieux, frappe bien là où il faut, quand il faut, précis et puissant. Du très bon donc, avec quelques hits en puissance ("I Know What I Am", "Death By Diamonds And Pearls", "Blood"), et de jolies et délicates pop songs, ("Honest", "Fires"). Un très bon groupe donc, qui promet une belle présence scénique à la fois sauvage, gracieuse et sexy. Que demander de plus? (réponse le 22 septembre à la Flèche D'Or)



lundi 7 juin 2010

Jesus Is My Girlfriend, post punk sauvage et minimaliste



Bon allez, je l'avoue, c'est d'abord leur nom de groupe, pas banal et amusant, qui a retenu mon attention, et m'a incité à cliquer sur leur page myspace. Mais en ces temps modernes, surchargés de groupes en tous genres, il faut bien parvenir à se démarquer d'une manière ou d'une autre afin d'attirer un peu l'attention. Et à ma grande surprise, je découvre de très bons morceaux post punk tranchants et déchirants. Car voilà, c'est officiel, Pj Harvey ne réside plus dans sa bonne vieille campagne du Dorset, mais s'est réincarnée dans la peau de la belle Johanna Serville alias Jesus Is My Girlfriend , en Provence.

Un peu plus tard, je redécouvre dans ma platine (sans la terrible compression MP3 myspacienne) le maxi de ce duo sexy, qui pratique donc un rock brut et sauvage, empreint de blues minimaliste et de punk écorché vif qui fait souvent penser au premier Kills. Cinq très beaux morceaux, sous tension permanente, pleins de douceur et de rage, qui confirment, en beauté, la première impression que ce joli duo m'avaient laissé.

ça commence comme dans "Rid Of Me" avec "Woo Hoo (You're So)", tendu, aigu, dont le refrain explose joyeusement, comme une délivrance, pleine de rage sous jacente. Les arrangements sont terribles, très justes et déments, mention spéciale à ce solo malade et distordu du plus bel effet.
"Storm" pose ensuite les bases sombres de Jesus Is My Girlfriend, on pense alors au folk électrique et écorché de Shannon Wright. L'orage chez Jesus s'annonce en douceur, une douceur sinueuse, maligne. La voix de Johanna se fait touchante, prenante, tout en émotion retenue. Un très beau morceau minimaliste qui promet une bonne explosion de violence. Mais il n'en est rien, et c'est là où Jesus Is My Girlfriend a tout bon, enchainant sur "High Heels" jolie comptine malade et émouvante, pleine de sanglots langoureux et d'arpèges mélancoliques, qui viennent toucher nos vieux coeurs blasés. Puis le fantôme de Polly Jean réapparait sur le bien nommé "Twin Sister", pour moi, le meilleur morceau du maxi. "I wanna kill my twin sister" murmure Johanna, dans l'ombre de ses guitares crues, revêches et tranchantes. Une "Twin Sister" hantée, dévorante, inquiétante, qui vient nous caresser sournoisement dans un incestueux refrain obsessionnel. Du grand art. "Cunt" vient électriser le tout, plus nerveux, plus violent. Un beau morceau bien acéré, dans lequel Jesus Is My Girlfriend, tel un serial killer à talon aiguille, vient nous jouer un remake de Massacre à la Tronçonneuse à grand coup de guitares saignantes. En bon sado maso du rock'n roll, on en redemande.

Au final, une bien belle découverte que cette Girlfriend du sud qui a roulé sa sainte bosse en première partie des excellents She Keeps Bees. Un très bon groupe illuminé, nerveux, sexy et violent que je vous encourage grandement à découvrir.